Enfermement, manipulation, enquête glaçante : Le Cheptel, un roman à ne pas manquer

Ce livre traite avant tout de l’enfermement. Jusqu’à quel point les murs que nous nous construisons peuvent-ils être aussi puissants que des murs réels ? Des mots de l’autrice : « Un enfermement géographique et physique peut-il avant tout reposer sur un enfermement psychologique ? » C’est un thème puissant et profondément dérangeant. Car, même si l’on se dit qu’on ne ferait pas ce genre d’erreur, nous avons tous, un jour ou l’autre, été aveuglés par nos propres croyances. Mais jusqu’où ces croyances peuvent-elles régenter notre vie et nous empêcher de voir la réalité ?

Roman récompensé par le Prix Polar du meilleur roman francophone, lors du 23e festival Polar de Cognac (2017). Prix Mordus de trhiller. Prix de l’Embouchure.

Babélio (Note 4,39/5 1115 notes) – Booknode – Sens Critique – Fnac – Amazon – Kindle

« Le corps d’une jeune femme est retrouvé en Lozère.
Au regard des éléments qu’ils détiennent, les enquêteurs de la SR de Nîmes se forgent rapidement un avis: elle a fait l’objet d’une chasse à l’homme…
Pour le capitaine Merlot, d’Interpol, les conclusions médico-légales placent cette victime dans une longue série.
Les gendarmes nîmois vont alors apprendre à leur grande stupéfaction, qu’Interpol tente depuis vingt-cinq ans de démanteler un réseau de trafic d’êtres humains.
Louis Barthes, notaire à la retraite, est à la recherche de sa soeur jumelle dont il ignorait l’existence. Ses démarches vont a peu à peu le faire remonter jusqu’à une poignée d’orphelins juifs dont la fuite vers l’Espagne s’est arrêtée dans les Pyrénées…
Jeune adolescent de 13 ans, surdoué, Bruno passe des vacances dans les Pyrénées quand il tombe dans un dangereux torrent et est emporté par les flots. Il parvient miraculeusement à s’extirper des eaux tumultueuses, et cherchant de l’aide, découvre une communauté vivant hors temps et hors réalité dirigée par une grande prêtresse qui se fait appeler Virinaë.
Trois fils que Céline Denjean tisse ensemble dans un suspens et une tension exceptionnels, et surtout avec sa remarquable maîtrise du récit révélée dans ses précédents romans. »

J’ai commencé ce livre avec impatience, ravie de retrouver une nouvelle enquête d’Éloïse Bouquet. La Fille de Kali, premier tome de la série, m’avait énormément plu, notamment pour sa puissance féminine et la violence féminine, un sujet encore trop souvent tabou.

Une immersion immédiate dans le thriller

Dès le prologue, la tension monte. La narration à la deuxième personne nous prend presque en otage. Des enfants sont réveillés en pleine nuit par des cris et des aboiements féroces. Ils savent exactement comment réagir : chacun connaît sa partition. Les Boches arrivent ! Dès cette scène, Céline Denjean nous plonge dans un scénario captivant dont il est difficile de s’extraire.

Ensuite, plusieurs fils narratifs se déroulent :

• Un notaire septuagénaire découvre, dans les affaires de son père récemment décédé, un acte de décès à son nom, daté de trois jours après sa naissance. Ce document fait ressurgir de vieux souvenirs et l’entraîne dans une quête identitaire troublante.
• Une communauté secrète, Le Cheptel, vit en autarcie depuis plusieurs générations, sans aucun contact avec le monde extérieur. La narration à la deuxième personne nous place dans la peau d’Atrimen, une jeune fille de la communauté, renforçant la sensation d’isolement et d’oppression. L’autrice cherche-t-elle ainsi à nous forcer à voir à travers les yeux d’Atrimen ?
• Une enquête troublante : la découverte du corps d’une jeune femme abattue dans le dos, sans sévices apparents. Son profil intrigue : ses soins médicaux et dentaires datent des années 50, son physique évoque une travailleuse manuelle, et sa tenue fait penser à une communauté new age. En creusant, les gendarmes vont mettre au jour une affaire bien plus vaste et inquiétante. C’est avec plaisir que l’on retrouve la capitaine Éloïse Bouquet.

Mon avis sur Le Cheptel

Impossible de voir défiler les 630 pages. Le rythme soutenu et la pression narrative intense ne laissent aucun répit au lecteur. Chaque révélation pousse à lire toujours plus loin. J’ai adoré voir l’affaire s’étoffer et le schéma global se dessiner progressivement.

Si la longueur du livre peut intimider, il n’y a ici ni longueurs inutiles, ni descriptions à rallonge. Tout est au service de l’intrigue, et les personnages secondaires sont particulièrement bien travaillés, notamment les suspects, qui sont vraiment gratinés. Céline Denjean maîtrise parfaitement l’art de l’immersion et du thriller à suspense, sans jamais basculer dans le gore.

Un thriller immersif et addictif, impossible à lâcher.

On se quitte sur une citation très parlante tirée d’une interview de Céline Deanjean sur son livre Matrices:

« … il (le polar) ouvre des fenêtres sur le monde, et plus précisément sur l’Humain dans sa part sombre, tordue, malade, effrayante… mais bien réelle ! Je n’ai pas vraiment « choisi » le polar ! Il s’est imposé, comme une évidence. » Céline Denjean

La Chronique de la Booktubeuse Magdalena (TripleLdeMag) :

Deux interviews, dont la première en trois parties, un peu longues mais intéressantes pour faire connaissance avec Céline Denjean (J’avoue être assez fan ^^ ) :