Photo du livre Délivrances de Toni Morrison, un roman bouleversant sur le passé.

Délivrances : le roman de Morrison qui m’a le moins secouée… mais pas laissée indifférente

Toni Morrison m’apporte toujours quelque chose d’essentiel.

Je le répète tout le temps : Toni Morrison est mon autrice de cœur. Sa voix me fait vibrer. J’ai la sensation qu’elle comprend exactement ce que j’ai besoin d’entendre. Qu’elle redirige mes pensées quand elles tournent en boucle, qu’elle m’ouvre à d’autres visions, d’autres perspectives. Et surtout, elle a ce don rare de formuler les sentiments avec une beauté folle.

Ce lien que je ressens avec ses livres est très personnel, et je suis bien consciente que tout le monde ne sera pas touché de la même manière que moi. L’œil le plus bleu, son tout premier roman, m’a bouleversée. Il parle avec une justesse poignante de ce que c’est que d’être une enfant noire, de la honte, du rejet, des violences subies. Il montre comment, petit à petit, l’esprit d’un enfant peut sombrer complètement. Rien que d’en reparler, j’en ai encore les larmes aux yeux. J’aimerais pouvoir dire que je vais le relire bientôt pour vous en reparler plus en profondeur, mais je ne suis pas encore prête à m’y replonger.

Revenons à Délivrances, le sujet de cette chronique. De tous les romans de Toni Morrison que j’ai lus, c’est celui qui m’a le moins bouleversée. Il est plus doux, moins intense. On suit Bride, née noire, très noire, qui ne porte que du blanc pour sublimer sa couleur. Elle traverse un moment de bascule. Un événement vient bouleverser son équilibre fragile, l’obligeant à faire face au poids qu’elle traîne depuis l’enfance. D’autres personnages gravitent autour d’elle, avec eux aussi leurs bagages à lâcher. On avance avec eux, sans vraiment savoir où cela mène. Comme souvent chez Toni Morrison, les éléments se dévoilent peu à peu, des miettes sont semées tout au long du texte, et la fin les rassemble… parfois de manière fracassante.

Mais ici, pas de fin fracassante. Une fin logique, attendue. Ce n’est pas une critique, juste une observation. Ce qui m’a marquée, une fois encore, c’est la justesse des émotions humaines, la façon qu’elle a d’expliquer les comportements. Du fantastique vient ponctuer le récit — mais comme souvent chez elle, il n’est qu’un prétexte. Il illustre ce que Bride refuse de voir. Il est la matérialisation de son tourment.

Je reste tout de même un peu frustrée par ce roman. J’aurais aimé plus de détails, mieux comprendre certains événements. Pour moi, Délivrances ressemble davantage à un morceau de récit qui aurait pu s’inscrire dans une histoire plus vaste.

Et puis, ces scènes de violence sur mineurs… Elles sont particulièrement choquantes. C’est un thème récurrent chez Toni Morrison, oui. Elle dénonce, elle décrit sans filtre les violences faites aux enfants. Mais là, j’ai trouvé que ces scènes arrivaient un peu de nulle part, et qu’elles n’étaient ni indispensables ni justifiées dans leur brutalité. Elles m’ont dérangée, presque lassée.

Malgré tout, je continuerai à lire ses œuvres avec le même enthousiasme. Elle m’apporte toujours quelque chose d’essentiel.

À bientôt, j’espère que vous lisez de belles choses !

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *